Face à la montée en puissance des voitures électriques chinoises sur le marché européen, l’Union Européenne a pris des mesures fortes pour protéger son industrie automobile. Accusant les constructeurs chinois de bénéficier de subventions publiques massives faussant la concurrence, Bruxelles a décidé d’alourdir les droits de douane. Cette décision, qui s’inscrit dans un contexte économique et commercial tendu, vise à rétablir des conditions équitables tout en évitant un conflit ouvert avec la Chine. Toutefois, elle divise les États membres et inquiète certains secteurs européens fortement exposés aux rétorsions chinoises.
Des surtaxes pour lutter contre la concurrence déloyale
L’Union Européenne a décidé d’augmenter significativement les droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine, une mesure adoptée le 29 octobre dernier pour contrer une concurrence jugée déloyale. Alors que les droits de douane étaient fixés à 10 %, une surtaxe pouvant atteindre 35 % sera mise en place pour les véhicules chinois à batterie, et ce, pour une durée de cinq ans.
La Commission européenne justifie cette décision par les subventions publiques massives accordées par le gouvernement chinois à ses constructeurs automobiles, permettant à ces derniers de proposer des véhicules à bas prix sur le marché européen. Cette situation a eu pour conséquence une augmentation fulgurante de la part de marché des voitures chinoises dans l’UE, passant de moins de 2 % en 2020 à plus de 14 % au deuxième trimestre 2024. Valdis Dombrovskis, Commissaire européen au Commerce, a déclaré que l’UE « n’accepte pas une concurrence faussée par des subventions », tout en précisant que les surtaxes sont proportionnées et ciblées.
Une réaction vive de la Chine face à cette mesure
Cette décision a immédiatement suscité des tensions avec la Chine, qui dénonce une mesure protectionniste et affirme vouloir saisir l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Selon le Ministère chinois du Commerce, l’UE viole les principes de libre-échange et crée un risque de conflit commercial. En réponse, la Chine menace donc d’imposer des rétorsions, notamment par le lancement d’enquêtes antidumping ciblant des produits européens comme le porc, les produits laitiers et les eaux-de-vie à base de vin, dont le cognac.
Cette passe d’armes inquiète particulièrement l’Allemagne, où les constructeurs automobiles redoutent de lourdes pertes. Le lobby automobile allemand (VDA) a même averti que cette mesure risquait de déclencher une guerre commerciale aux conséquences économiques majeures.
Une approche européenne plus mesurée que celle des États-Unis
La mesure européenne, soutenue par des pays comme la France, l’Italie et la Pologne, diffère toutefois de l’approche américaine beaucoup plus agressive. Aux États-Unis, l’ancien président Joe Biden a porté les droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100 % contre 25 % auparavant. L’UE, de son côté, a préféré une stratégie plus nuancée en modulant les surtaxes selon les constructeurs et le niveau de subventions identifiées. Ainsi, Tesla, qui produit des voitures à Shanghai, sera taxé à 7,8 %, tandis que les constructeurs chinois BYD et Geely seront respectivement surtaxés à 17 % et 18,8 %. Le groupe SAIC, quant à lui, se verra appliquer la taxe la plus élevée à 35,3 %.
L’UE prévoit également une taxe supplémentaire de 20,7 % pour les groupes ayant coopéré à l’enquête européenne, contre 35,3 % pour ceux n’ayant pas coopéré. Face aux risques économiques pour des secteurs clés comme le cognac ou l’automobile, l’UE laisse toutefois la porte ouverte à des négociations futures pour régler ce contentieux.
Le retour de Trump au pouvoir : un facteur qui change la donne
Avec le retour de Donald Trump au pouvoir, le secteur automobile risque de subir de nouvelles tensions. Il entend en effet instaurer une taxe universelle de 10 à 20 % sur tous les produits importés, quelle que soit leur provenance.
Si la Chine reste sa principale cible, avec des droits de douane sur les produits chinois qui pourraient atteindre 60 % pour protéger l’industrie automobile américaine, Trump souhaite aller encore plus loin en imposant jusqu’à 100 % de taxes sur toutes les voitures importées, sans distinction d’origine. Cette approche radicale vise à redonner à l’automobile américaine son statut de symbole économique et industriel des États-Unis, mais risque d’accentuer les tensions commerciales mondiales.