Matériau issu du broyage des batteries de voitures électriques, la black mass participe à la création de véhicules 100% recyclables en limitant la pollution. Un cercle vertueux qui pourrait mettre un terme à la dépendance à différents métaux au sein de l’industrie automobile européenne.
Black mass : le nouvel or noir des industriels
Masse noire poudreuse constituée de métaux de grande valeur tels que le lithium, le cobalt, le nickel, le cuivre, le graphite ou encore le manganèse, la black mass est la matière obtenue lors du recyclage de batteries usagées et des restes engendrés par leur fabrication.
Annoncé comme le futur or noir, ce minerai de demain puise ses origines dans des batteries en fin de vie composées de plusieurs dizaines de modules connectés (boîtes noires).
Ces batteries sont entièrement démantelées et leurs cellules sont ensuite broyées et chauffées – permettant de stocker des électrons – avant d’être tamisées dans des centres de traitement spécialisés comme celui de Veolia en Lorraine.
Jusqu’à présent exportée en Asie (majoritairement en Corée du Sud) et réutilisée dans la métallurgie, cette poudre noire fait aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises en France ainsi qu’en Europe dans la mesure où la rentabilité du recyclage dépend beaucoup du type de chimie des batteries.
La classification du matériau en tant que déchet dangereux pourrait en outre limiter son exportation aux pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), même si le Japon et la Corée du Sud notamment en font partie.
Vertueuse pour l’environnement, cette marchandise à part entière – qui représente environ 40 à 50% du poids total d’une batterie de véhicule électrique – s’apprête donc à jouer un rôle majeur dans le monde des transports décarbonés.
À l’heure actuelle, plus de 75% des batteries de voitures électriques sont en effet produites en Chine à partir d’importantes quantités de matières premières issues de l’extraction minière et vouées à se raréfier.
La black mass constitue ainsi un atout précieux pour la souveraineté énergétique de l’Union européenne dans la mesure où la fabrication des batteries est un processus grandement énergivore.
La black mass pour fabriquer de nouvelles batteries électriques
Alors que le nombre de véhicules électriques en circulation pourrait être multiplié par 8 d’ici à 2030 dans le monde, l’exploitation de la black mass constitue un défi d’avenir au service de la transition énergétique en contribuant à fabriquer à nouveau des batteries électriques.
Une étude démontre par ailleurs que les matériaux recyclés constitueront d’ici cette date 15% de la production de lithium, 11% pour le nickel et jusqu’à 44% pour le cobalt.
De quoi envisager la production de véhicules électriques 100% recyclables sur le territoire français et sur le Vieux Continent.
Une loi votée le 14 juin dernier au Parlement européen fixe ainsi comme objectif de récupérer jusqu’à 73% des batteries en 2030.
La part minimale de matériaux d’origine recyclée a quant à elle été fixée à 80% pour le lithium d’ici 2031 et jusqu’à 95% pour le cobalt, le cuivre, le plomb et le nickel.
La valorisation de batteries en fin de vie ou mises au rebut par les fabricants pourrait permettre d’assurer entre 12 et 14% des besoins en métaux critiques en 2035 en Europe.