Dans un contexte fortement impacté par les crises successives -Covid 19, guerre en Ukraine, pénurie de semi-conducteurs-, le marché français des véhicules neufs a atteint en 2022 son plus bas niveau depuis 1974. Avec 1 529 035 immatriculations de voitures l’an passé, le secteur automobile a enregistré un recul de 7.8% par rapport à 2021 dans l’Hexagone avec une baisse des ventes encore plus significative depuis 2019 (-30.95%). Malgré ce constat, les prévisions de croissance de 5% affichées par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) pourraient permettre au marché français de reprendre des couleurs en 2023. Passage en revue des tendances qui devraient impacter les constructeurs et distributeurs au travers de mutations structurelles.
L’essor de la mobilité électrique en France
Avec désormais 13.1% de part de marché -contre 10% en 2021-, l’électrification du parc automobile français a franchi un nouveau palier en 2022. Pour la première fois, les ventes de véhicules électriques neufs ont en effet dépassé celles des modèles diesel l’an passé. Poussée par le bonus écologique revu au 1er janvier, cette tendance se confirme en ce début d’année avec notamment 14 629 voitures électriques vendues au mois de janvier contre 12 558 modèles diesel (43 343 immatriculations de modèles essence).
Véritables freins à l’achat, le prix des véhicules électriques -jugé encore trop élevé- ainsi que le faible équipement en bornes de recharge limitent néanmoins le développement de la mobilité électrique.
Véhicule 100% électrique le plus écoulé en France en 2022 devant la Fiat 500 et la Renault Megane E-Tech, la Dacia Spring continue sur sa lancée en janvier 2023. Avec 1 911 immatriculations, le modèle de la marque roumaine affiche un score en hausse de 28% par rapport à janvier 2022. Championne en 2022, la Peugeot e-208 recule au quatrième rang devant la chinoise MG, la Renault Zoe e-Tech, la Renault Twingo e-Tech et le Peugeot e-2008.
Même si le thermique reste largement majoritaire (38.7%), le diesel est clairement en perte de vitesse (11.2%) en 2022. Ce dernier est remplacé par les véhicules hybrides (32.5%) avec une répartition de 15.3% pour l’hybride classique, 7.9% pour le mild-hybrid et 9.2% pour l’hybride rechargeable.
Carburants alternatifs : une transition avant l’électrique ?
L’augmentation du prix des carburants en raison de l’inflation galopante est de nature à séduire de nouveaux adeptes des carburants alternatifs comme le Superéthanol E85, le GPL (gaz de pétrole liquéfié) ou le GNV (gaz naturel pour véhicule). Avec un écart du prix du litre à la pompe toujours aussi important -mais qui tend à se réduire-, l’explosion de la demande et des ventes de boîtiers éthanol E85 illustre cette tendance. Plus vertes et moins onéreuses que l’essence et le diesel, ces énergies qui pourraient servir de transition avant l’électrique ont représenté 5.4% du mix énergétique l’année dernière et pèsent 6% du marché en janvier 2023 (+53% par rapport à janvier 2022).
Le développement des Zones à Faibles Émissions Mobilité (ZFE-m) et l’extension progressive des vignettes Crit’Air dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants pourraient aujourd’hui inciter les automobilistes français à se tourner davantage vers les carburants alternatifs. À l’instar du recours aux motorisations hybrides, cette tendance devrait encore s’accentuer cette année avec en toile de fond la fin des moteurs thermiques à l’horizon 2035.
Un rebond de 5% du marché automobile européen en 2023
L’année 2020 a été marquée par des fermetures d’usines et les restrictions sanitaires, tandis que 2021 a été affectée par des pénuries de puces électroniques et des problèmes de logistique. Malgré des incertitudes persistantes et une année 2022 une nouvelle fois compliquée pour l’industrie automobile, le marché européen pourrait entrevoir le bout du tunnel en 2023.
Même si les prévisions demeurent assez éloignées des niveaux d’avant-crise (-25% par rapport à 2019), l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) table sur une reprise relative de l’activité économique avec 9.8 millions de véhicules vendus sur le Vieux Continent.
Selon ces données destinées à analyser la situation actuelle afin d’anticiper les évolutions du secteur, un rebond de l’ordre de 5% devrait avoir un effet bénéfique sur le marché automobile français, tant au niveau des constructeurs que des distributeurs tricolores. La France a en effet affiché un recul des ventes de voitures neuves de 7.8% en 2022, à l’instar de l’Italie (-9.7%), de la Pologne (-6%), de l’Espagne (-5.4%), de la Belgique (-4.4%) ou des Pays-Bas (-3.2%). Seule l’Allemagne a tiré son épingle du jeu l’an passé avec un exercice clôturé par une légère hausse des ventes de véhicules neufs (+1.1%).
Les ventes mondiales de véhicules neufs devraient également suivre cette tendance avec près de 83.6 millions d’unités qui seraient écoulées en 2023 (+5.6% par rapport à 2022) d’après les prévisions du cabinet S&P Global Mobility.