Autorisé en France depuis 2020, le rétrofit consiste à remplacer le moteur thermique de sa voiture par un moteur électrique et un pack de batteries. L’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs dans toute l’Europe à l’horizon 2035, ajoutée au développement des zones à faibles émissions (ZFE), devrait contribuer à booster la pratique en France. Une solution technique destinée à prolonger la durée de vie des modèles thermiques tout en diminuant les émissions de CO2.
Le rétrofit comme solution alternative
L’instauration de zones à faibles émissions dans les grandes agglomérations de plus de 150 000 habitants et la mise en place de vignettes Crit’Air (0 à 5) sont clairement de nature à pénaliser les propriétaires de véhicules vieillissants. Avec près de 60% du parc automobile français qui sera interdit d’accès à ces métropoles d’ici 2030, les voitures dites “polluantes” seront en effet mises au rebut (destruction à la casse) ou échangées contre un véhicule plus vertueux avec prime à la conversion. Face à ce constat, le rétrofit constitue donc une alternative plus accessible afin de s’offrir une voiture électrique bien moins chère qu’une neuve. Pour les professionnels et les particuliers, les véhicules diesel progressivement bannis des villes concernées par les ZFE pourraient ainsi trouver une seconde jeunesse à moindre coût.
Originaire des États-Unis -même si la française Renault Dauphine est le premier modèle connu à être rétrofité en 1959-, la pratique consiste à débarrasser une voiture essence ou diesel de sa motorisation originelle et de lui greffer un moteur électrique, une batterie ainsi qu’un module de gestion. Entre 1995 et 2005, la France a notamment connu sa période rétrofit avec les Peugeot Partner et 106, les Citroën Berlingo et Saxo ainsi que la Renault Kangoo, toutes transformées en véhicules électriques.
Des aides financières variables selon plusieurs critères
Pour être éligible au rétrofit électrique dans l’Hexagone, les voitures particulières, utilitaires et autres autocars doivent naturellement posséder une motorisation thermique et être âgés de plus de 5 ans (plus de 3 ans pour les deux-roues, trois-roues et quadricycles) avant leur transformation. Ils doivent également être en votre possession depuis plus d’un an et il n’est pas possible de les revendre dans les 6 mois qui suivent. Enfin, lorsque le dispositif de conversion a été installé par un professionnel agréé pour son homologation (certificat de conformité), il est obligatoire de parcourir plus de 6 000 km avant de revendre une voiture thermique transformée en électrique.
Par ailleurs, une voiture rétrofitée doit conserver les mêmes caractéristiques que le véhicule thermique original avec un poids et une répartition des masses identiques (10% de tolérance), ce qui limite le poids de la batterie et sa capacité -qui excède rarement les 100 km d’autonomie-. Outre la puissance du moteur électrique qui peut s’avérer inférieure à celle du moteur thermique d’origine, cette faible autonomie implique une recharge quasi quotidienne et a un impact direct sur la durée de vie de la batterie.
Concernant les aides financières gouvernementales et régionales, le montant de la prime rétrofit est de 5 000 € pour une voiture dont le propriétaire a un revenu fiscal de référence par part inférieur ou égal à 18 000 € (2 500 € pour un revenu fiscal supérieur à 18 000 €). La prime au rétrofit est quant à elle de 5 000 € pour une camionnette et de 1 100 € pour un deux-roues, trois-roues ou quadricycle motorisé.
À noter que le rétrofit pourrait également être adapté à un véhicule électrique d’origine. En ce sens, les constructeurs imagineraient dès la planche à dessin un système de batteries amovibles où l’ancien pack serait recyclé à chaque innovation technique sur les cellules. Véritable enjeu de mobilité propre au service de la transition écologique, l’option rétrofit existe déjà sur certains scooters électriques de 50 et 125 cm³ et sur les voitures sans permis telles que la Citroën AMI ou la Biro. La pratique pourrait donc se démocratiser et même s’étendre aux véhicules utilitaires (fourgons spéciaux) ainsi qu’aux bus pour leur offrir une seconde vie. Malgré l’interdiction de commercialiser des véhicules émetteurs de gaz à effet de serre à partir de 2035 en Europe, ce ne sont pas moins de 20 millions de voitures thermiques qui seront encore en circulation en France à cette date.