En reconstituant le chemin de fer sous le bitume, l’autoroute A10 teste actuellement près de Paris la recharge par induction des voitures électriques. Une expérimentation qui s’inscrit dans le cadre de la transition écologique et destinée à alléger les technologies longue distance des modèles zéro émission.
La recharge par induction limite les arrêts aux bornes de recharge
Installé sur quatre kilomètres de la voie de droite de l’A10 dans le sens Paris-Orléans, le système de recharge dynamique est une grande première dans l’Hexagone. Sur ce tronçon du réseau Vinci, l’idée est de permettre à un véhicule électrique de puiser son énergie en roulant sur un rail d’alimentation.
À l’instar de la recharge des téléphones portables par induction, des bobines magnétiques émettrices sont ainsi glissées sous la chaussée. Un rail inséré au ras du bitume offre également aux véhicules équipés de bobines réceptrices la possibilité de transformer le champ magnétique en courant électrique, avant de transférer ce dernier au moteur.
L’alimentation des véhicules électriques par la route elle-même constitue donc une véritable révolution dans l’industrie automobile. Cette technologie visant à augmenter l’autonomie des véhicules électriques a notamment fait l’objet de tests et autres essais sur route.
Une Fiat 500 a d’ailleurs pu rouler à haute vitesse (130 km/h) sur une route avec charge par induction, tandis qu’une Toyota Rav4 hybride rechargeable a effectué pas moins de 100 heures de roulage (soit quasiment 2 000 km) sans faire le moindre arrêt. En circulant à une vitesse moyenne de 20 km/h, le modèle a pu en effet se voir transférer plus de 241 kWh de puissance par la route (sans compter l’énergie récupérée lors des phases de freinage).
Réalisé par la start-up israélienne Electreon, ce test pratique – au cours duquel 55 conducteurs se sont relayés – ouvre donc la voie à une nouvelle installation sur des axes routiers où de nombreux automobilistes se rendent quotidiennement.
Une manière concrète de changer nos moyens de se déplacer et de permettre aux automobilistes de parcourir de longues distances sans être obligé de s’arrêter pour charger la batterie de leurs véhicules électriques sur une borne de recharge (avec une puissance de charge variable selon les bornes).
Vers une réduction de l’autonomie des batteries de voitures électriques
Selon une étude menée par l’université de Göteborg (Suède), la route à induction pourrait contribuer à la réduction de 62 à 71% de l’autonomie nécessaire pour un usage normal d’une voiture électrique.
En ce sens, les batteries des véhicules électriques verraient leur taille et leur poids nettement réduits sur le marché de l’auto, ce qui limiterait l’exploitation des terres rares et par conséquent l’utilisation massive des métaux nécessaires à leur conception (lithium, manganèse, cobalt…).
Cette stratégie de décarbonation du transport routier se matérialise en parallèle par l’installation d’un dispositif similaire sur l’autoroute du Mont-Blanc (Haute-Savoie).
Développées à l’origine par Alstom pour les tramways, ces solutions de recharge par induction s’appliquent aux véhicules équipés d’un système rétractable venant collecter l’électricité depuis une piste d’alimentation insérée dans le revêtement de la chaussée.
Relativement coûteuse, cette technologie présente néanmoins l’inconvénient d’être peu puissante car son rendement est inférieur à la recharge électrique directe avec prise. À noter que le rail peut également s’encrasser, diminuer ses performances en fonction des conditions climatiques ou encore poser des problèmes aux deux-roues.
Malgré ces obstacles, la révolution engagée dans l’industrie automobile ambitionne de permettre aux batteries des voitures électriques de se recharger en roulant grâce à ce projet d’innovation technologique. La fin de la recharge régulière de batteries trop lourdes compte tenu de leur composition en métaux rares pourrait également lever les derniers freins à l’achat de modèles 100% électriques.
